Toutes les guerres ne se valent pas ; cette leçon fondamentale ressort des annales des conflits militaires dont le monde a été témoin au cours de l’histoire.
Certaines guerres précipitent la polarisation internationale, causent des dommages considérables et menacent la sécurité et l’économie mondiales. D’autres, en revanche, se perdent dans les profondeurs de l’oubli collectif.
La guerre russo-ukrainienne est un exemple de la première, tandis que le conflit au Soudan est un rappel brutal de la seconde.
Il y a environ deux ans, lorsque la guerre a éclaté en Ukraine, elle a souvent été qualifiée de « guerre de l’homme blanc » en raison de sa localisation européenne et de la perception de l’adversaire, la Russie – une menace historique pour les États-Unis et l’Occident.
C’est peut-être la principale raison pour laquelle les États-Unis ont engagé plus de 71 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine, dont 43 milliards de dollars alloués à l’assistance militaire et à la sécurité, tandis que le reste du monde occidental s’est engagé à hauteur d’environ 50 milliards de dollars, selon les rapports.
Ce conflit a incité l’Europe et les États-Unis à réévaluer leurs capacités militaires et à augmenter leurs dépenses de défense. Selon l’ONU, plus de 10 000 civils ont perdu la vie en Ukraine depuis le début du conflit, le 22 février 2022.
En Afrique, où plus de 35 conflits armés persistent, la plupart sont considérés comme sans importance sur la scène mondiale.
La guerre au Soudan entre dans cette catégorie. En huit mois, depuis son déclenchement en avril 2023, elle a fait plus de 12 000 morts, entraînant ce que Martin Griffith, le responsable des affaires humanitaires des Nations unies, a décrit comme « l’un des pires cauchemars humanitaires de l’histoire récente ».
Le conflit a déplacé plus de 7 millions de civils à l’intérieur du pays, et 1,5 million d’autres ont cherché refuge dans les pays voisins.
Couverture médiatique
Il est surprenant de constater que la guerre au Soudan n’a pas donné lieu à une intervention internationale significative pour contraindre les belligérants à un règlement politique.
Au contraire, elle est souvent considérée comme une « crise humanitaire ».
L’une des raisons principales est la perception des guerres africaines dans le monde occidental, principalement comme des conflits non étatiques motivés par des rivalités ethniques et des rivalités pour les ressources.
L’intervention internationale est jugée inutile jusqu’à ce que ces « conflits tribaux » atteignent un stade critique.
La couverture médiatique des guerres africaines, et des conflits du « tiers-monde » en général, est sporadique et ne resurgit que lorsque les intérêts du « Nord global » sont directement touchés.
Ce fut le cas de la guerre civile somalienne après l’effondrement du régime de Siad Barri dans les années 1990. Le monde occidental n’a pris conscience de la précarité de la situation en Somalie que lorsque la piraterie somalienne est devenue une véritable menace pour la route commerciale de l’océan Indien.
Cette perception s’étend aux dirigeants de ces guerres, qualifiés de « seigneurs de la guerre » motivés par des intérêts ethniques, tribaux et politiques ainsi que par l’appât du gain, avec un faible contrôle de l’État sur les appareils militaires.
Au Soudan, le conflit oppose principalement le général Abdel-Fattah Burhan, chef du conseil souverain et commandant des forces armées (SAF), et son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de Hamedti.
La concurrence et la méfiance croissantes entre les deux alliés, qui ont conjointement organisé un coup d’État en 2021 contre leurs partenaires civils au sein d’un gouvernement de partage du pouvoir, ont conduit à la situation actuelle.
La récente incursion des forces de soutien rapide (RSF) de Hemedti à Wad Madani, la troisième ville du Soudan située à 160 km au sud-est de la capitale Khartoum, a replacé le conflit soudanais sous les feux de l’actualité, bien qu’il ait été quelque peu éclipsé par la guerre qu’Israël mène actuellement à Gaza.
Plus de 300 000 personnes ont été déplacées, cherchant refuge dans les régions orientales des États de Gedaref, de Sennar et du Nil blanc, selon les rapports des agences d’aide. Nombre d’entre elles se déplacent pour la deuxième fois après avoir quitté Khartoum et sa banlieue.
Scénario cauchemardesque
Alors que la RSF poursuit son avancée, des questions troublantes se posent quant à son soutien, notamment en raison d’allégations troublantes concernant des pillages, des violences sexuelles et ce qui semble être des attaques ethniques.
Le spectre d’un Soudan plongeant dans une guerre par procuration, à l’instar de la situation au Yémen, se profile à l’horizon.
À l’heure actuelle, et peut-être pour la première fois depuis le début des hostilités, de nombreux Soudanais envisagent la possibilité troublante de vivre sous la domination du FSR dans une grande partie du Soudan.
L’Égypte, où vivent environ 4 millions de Soudanais et qui est liée par des liens culturels et historiques profonds depuis des siècles, est la nation la plus touchée par cette situation précaire.
Les Forces armées soudanaises et les Forces de sécurité soudanaises accusent fréquemment certains acteurs régionaux d’être profondément impliqués dans la guerre pour soutenir leurs rivaux.
Il est suggéré que l’augmentation récente de cette « intervention extérieure » a alimenté l’élan qui a permis à la RSF de prendre le dessus au cours des dernières semaines.
Par conséquent, l’évolution de la dynamique au Soudan risque de mettre à mal les relations entre les principaux alliés de la région, qui ont chacun choisi de soutenir des parties différentes du conflit.
L’exclusion des élites politiques civiles soudanaises de la scène et l’absence d’une vision claire d’un règlement pour les parties belligérantes augmentent le risque d’une guerre perpétuelle.
La pression internationale et régionale pour imposer un règlement devient impérative pour éviter une nouvelle catastrophe et façonner un Soudan qui reflète les aspirations de son peuple, et non les rêves de pouvoir déformés des vainqueurs.
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Source : TRT Afrika
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