À peine nommée ministre de la Santé et déjà mise en cause pour n’avoir pas déclaré des «cadeaux» de la part d’un laboratoire pharmaceutique, Agnès Firmin-Le Bodo a confirmé ce 22 décembre faire l’objet d’une enquête à ce propos. 20 000 euros de cadeaux non déclarés pour la ministre Agnès Firmin-Le Bodo. Promue à la Santé le 20 décembre, celle qui était jusqu’alors ministre délégué de l’Organisation territoriale et des Professions de santé a reconnu ce 22 décembre faire l’objet d’une enquête liée à son métier de pharmacienne.
Elle est mise en cause, deux jours après avoir remplacé le démissionnaire Aurélien Rousseau. Une affaire qui tombe au plus mal pour l’exécutif, dans un contexte politique tendu après le vote de la loi immigration, vivement contestée par la gauche. Un ministre déjà dans la tempête Interrogée par France Bleu Normandie ce 22 décembre, la ministre a affirmé : «J’assume les fonctions qui sont les miennes.» Ainsi, elle n’envisage pas une démission pour l’heure.
Elle a par ailleurs précisé que l’enquête qui la visait se déroulait dans le cadre de sa fonction de pharmacienne. Et d’ajouter : «Permettez-moi de réserver les échanges que je devrais avoir avec les autorités compétentes.» L’affaire révélée par le site d’information Mediapart la veille au soir évoquait une enquête pour des soupçons de cadeaux non déclarés de la ministre alors qu’elle était pharmacienne.
Agnès Firmin-Le Bodo, qui dirige une officine au Havre (ouest), «est soupçonnée de s’être fait livrer à 21 reprises, de 2015 à 2020, des produits de luxe – des montres, bouteilles de vin et magnums de champagne, coffrets pour des week-ends… – pour un montant total évalué à 20 000 euros, de la part des laboratoires Urgo», détaillait Mediapart. La ministre voit de nombreuses associations s’emparer de l’affaire. Attac a ainsi énuméré les cadeaux dont elle aurait bénéficié, précisant les marques des montres, tandis que l’association anti-corruption Anticor a relayé l’information, ajoutant la mention «Anticor veille».
L’eurodéputée insoumise Manon Aubry a elle ironisé sur le réseau social X (ex-Twitter) sur «les entorses à l’éthique et les démêlés judiciaires» qui seraient «un critère d’entrée au gouvernement !» Agnès Firmin-Le Bodo a néanmoins pu compter sur le soutien du ministre délégué chargé des Comptes publics Thomas Cazenave. Sur les ondes de France Info, son collègue a demandé de «laisser la justice faire son travail». Les laboratoires Urgo déjà condamnés dans cette affaire En janvier 2023, l’entreprise pharmaceutique Urgo avait déjà été condamnée à une amende de 1 125 000 euros (dont 625 000 avec sursis) pour avoir monnayé avec des pharmaciens l’abandon de remises commerciales contre des cadeaux. L’enquête qui vise Agnès Firmin-Le Bodo s’inscrit dans le prolongement de la condamnation du laboratoire, qui cherchait à fidéliser ses clients pharmaciens.