À la faveur du départ de fabricants de voitures occidentaux dans le sillage des sanctions, la Chine s’est taillée la part du lion sur le marché automobile russe. «La Russie est devenue le principal importateur de voitures chinoises et la Chine le principal fournisseur de voitures à la Russie», a déclaré le 19 décembre l’ambassadeur chinois à Moscou Zhang Hanhui, lors d’une interview à RIA Novosti.
Le diplomate tirait un bilan de l’année écoulée le jour de la rencontre qui se tenait à Pékin entre le Premier ministre russe Mikhail Michoustine et le président chinois Xi Jinping. Zhang Hanhui a ajouté qu’au-delà du seul secteur automobile, la coopération pratique russo-chinoise «se développait ces dernières années tant au point de vue quantitatif que qualitatif» et enregistrait «des succès remarquables». Il a rappelé en outre que la Chine était «pour la treizième année consécutive le plus important partenaire commercial de la Russie», avant de souligner que la sphère de la coopération bilatérale «s’élargissait en permanence» et que l’intérêt des entreprises chinoises en la matière était «croissant». Le 18 décembre, le Premier ministre russe avait estimé les échanges entre les deux pays à «plus de 201 milliards de dollars» pour les 11 premiers mois de 2023. Selon les prévisions, ils devraient atteindre 300 milliards en 2030.
86% des importations de voitures
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Selon l’agence nationale Avtostat, dédiée au marché automobile russe, sur les 81 000 véhicules neufs importés en septembre dernier, 86% provenaient de Chine. Il s’agit d’ailleurs d’un record historique, le pic précédent datant de juillet avec 80 300 véhicules importés. En parallèle, on apprenait récemment que les importations de voitures japonaises avaient chuté de 45% au mois de novembre, en comparaison avec la même époque l’année dernière. Et, en raison des sanctions datant de 2014, les voitures européennes ne sont plus désormais qu’un lointain souvenir : alors qu’en 2013 les véhicules français et allemands captaient ensemble 23% du marché, ils en avaient disparu en 2023. Toujours selon Avtostat, en septembre, le marché russe était dominé par le champion national Avtovaz (fabricant de la marque Lada) qui représentait 31,7% des ventes. Néanmoins, il est notable que les six constructeurs suivants en taille de part de marché étaient tous chinois et totalisaient ensemble 46% du marché. Il s’agit de Chery, Haval, Geely, Changan, Omoda et Exeed. Un dynamisme qu’il convient toutefois de nuancer : les ventes de voitures chinoises auraient chuté de 60% depuis le mois d’octobre suite au passage du taux directeur de la Banque centrale de 13 à 15%. «Aujourd’hui, acheter une voiture à un taux de 20%, c’est de la folie», estimait auprès de RIA Novosti Ilia Titov, expert du comité sino-russe d’amitié, de paix et de développement. Selon lui, il est plus avantageux de recourir à «l’autopartage dans les grandes villes et au taxi dans les petites». Il conclut en affirmant que n’achètent une voiture que «les personnes à qui elle est indispensable» ou ceux qui peuvent le faire «sans crédit ou avec un emprunt minimum». Pour autant, la Russie est demeurée en novembre le cinquième marché automobile d’Europe, derrière l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie par ordre décroissant. Une vaste gamme de marques et de modèles Dans un article daté du 12 décembre, l’agence Avtovaz dénombrait pas moins de 60 marques chinoises et plus d’une centaine de modèles. Un foisonnement de noms encore inconnus du grand public, qui n’est pas sans susciter des interrogations. «Compte tenu du rythme d’intégration de la production automobile chinoise sur notre marché, nous nous habituerons vite à leurs noms», a toutefois tenu à rassurer au micro de RIA Novosti la directrice du développement stratégique chez le service de location de voitures Ultima Yandex Go Maria Révinskaïa, rappelant qu’à une époque des marques comme BMW ou Mercedes semblaient aussi «bizarres et incompréhensibles». Les atouts chinois : options, prix et distribution Du côté des atouts des véhicules chinois, les consommateurs apprécient, selon la presse spécialisée, leurs nombreuses options, leur prix plus accessible (bien que le haut de gamme fasse aussi partie de l’offre), un bon réseau de distribution et la disponibilité de pièces détachées. À l’inverse, les points négatifs sont des problèmes de finitions dans l’ergonomie, la direction et le châssis. De plus, la réputation des premières voitures chinoises n’étant guère flatteuse, il est très difficile de revendre son véhicule sur le marché de l’occasion. Enfin, certains clients reprochent à la production chinoise une certaine monotonie en se contentant de quatre modèles principaux reproduits sans grande originalité. Les innovations sont toutefois présentes dans l’offre chinoise : en 2024, la marque Chery mettra sur le marché sept nouveaux modèles électriques ou hybrides.
Soutenant l’essor des ventes d’automobiles chinoises à Moscou, il faut noter l’ouverture le 19 décembre du centre «Moscou-Tiania», où des centaines de voitures de plus de 40 marques différentes sont mises en vente sur 135 000 mètres carrés. Lors de son inauguration, il a été annoncé l’ouverture en 2024 d’un centre de services et de mise à disposition de pièces détachées, d’accessoires, de pneus et d’huile. Un autre volet de cette expansion chinoise sur le marché russe est le lancement de la production sur le site d’Avtotor se trouvant à Kaliningrad, qui servait auparavant à l’assemblage de BMW, mais aussi de voitures sud-coréennes, à l’instar de Hyundai et Kia.
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