Coup de théâtre, la cour d’appel de Dakar remet O. Sonko dans le fichier électoral tout comme l’avait fait le tribunal de Ziguinchor. Tout appel contre ce nouveau verdict de la part de l’autocratie Macky/APR/BBY ramène vers la Cour Suprême sans suspendre la remise même tardive de la fiche de parrainage à O. Sonko que le Ministère de l’intérieur lui avait illégalement refusée à travers sa Direction Générale des Élections (DGE).
Il y aura-t-il récidive arbitraire, c’est ce que va révéler la nouvelle demande du mandataire de Sonko.
Dans des articles précédents, on avait cité l’adage disant « quand le chat n’est pas là, les souris dansent » pour en tirer l’hypothèse qu’un des effets de la renonciation sous la pression populaire à la troisième candidature anticonstitutionnelle de Macky est de réduire peu à peu son autoritarisme autocratique sur les différentes institutions renforcée par la perte de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Les manifestations de cette perte progressive de diktat de l’autocratie ont été la multiplication des candidatures au sein même de l’APR, les deux plaidoiries des procureurs de la Cour suprême rejoignant celles de la défense de Sonko, le verdict du tribunal de Ziguinchor, l’injonction de la CENA à la DGE de remettre les fiches de parrainage à Sonko, le verdict du tribunal de Dakar confirmant celui de Ziguinchor, etc. On peut constater aussi qu’aucune des condamnations non définitives de Sonko dans les multiples procès-complots dont il est victime n’a touché à son éligibilité comme des formes faibles de résistance à la mainmise présidentialiste sur la justice.
Jusqu’où la justice va-t-elle exercée son indépendance formelle que lui confère la Constitution pour dire le droit face à un Etat hors la loi qui n’hésite pas à faire un blocus policier de la demeure du chef de l’opposition, l’empêche à se rendre à un procès où les principales accusations de « viol et de menace de mort » sont écartées pour néanmoins le condamner par contumace, ne reconnaît pas l’annulation de la contumance après son arrestation, met en prison des milliers de détenus politiques d’opinions, interdit administrativement son parti Pastef/Les Patriotes, incite une campagne de dénigrement inquisitoire « de terrorisme islamiste salafiste » sans fournir aucune preuve et autres balivernes qui ne trompent personne, même pas les enfants qui en rigolent ?
La réponse à cette interrogation se trouve dans les nouvelles étapes à franchir de la Cour Suprême et du Conseil Constitutionnel, seule institution qui a la prérogative de valider au plus tard le 20 janvier 24 la candidature de celui dont tout le monde sait que dans les urnes il est, à ce jour plus que jamais, imbattable le 25 février 2024.
Si pendant 40 ans, de 1960 à 2000, la démocratie néocoloniale s’est caractérisée d’abord comme la dictature du parti unique PS après la dissolution arbitraire du PAI, puis a connu le coup d’état françafricain contre le président du conseil installant le présidentialisme avant de concéder face aux luttes populaires animées par la gauche communiste historique « le multipartisme quadripartite » et ensuite « le multipartisme intégral », la première alternance libérale néocoloniale présidentialiste a rendu endémique l’utilisation préexistante de l’État comme principal moyen de devenir milliardaire que la seconde alternance libérale néocoloniale présidentialiste a combiné avec la mise en place d’une autocratie présidentialiste enivrée par l’odeur du pétrole et du gaz, laquelle ne respecte même plus les lois du pays. C’est ce que nous avons nommé Etat néocolonial hors la loi !
Voilà pourquoi lors des Assises Nationales de la diaspora sénégalaise sous la première alternance néocoloniale, nous avons introduit la question du régime parlementaire combiné avec les Penc locaux historiques contre le présidentialisme qui est, au demeurant, plus facilitateur de la domination impérialiste et de ses valets locaux de la bourgeoisie bureaucratique d’État.
La françafrique, l’eurafrique, l’usafrique ont largement démontré qu’elles font la promotion de la chimère attrape-nigaud de la démocratie bourgeoise formelle dans les néo-colonies que parce que les intérêts prédateurs de son hégémonie spoliatrice sont assurés par les régimes autocratiques civils ou militaires contre les peuples opprimés. C’est ce double standard que l’on retrouve dans l’adoubement du coup d’état au Tchad, des régimes présidentiels civils au Sénégal et en Côte d’Ivoire et la condamnation non crédible des coups d’états souverainistes au Mali, au Burkina, au Niger et du régime civil en Centrafrique.
Même dans leurs prétendues « vieilles démocraties » règnent en réalité ce que le communiste Engels décrit comme suit : « L’Etat n’est donc pas un pouvoir imposé du dehors à la société ; il n’est pas davantage « la réalité de l’idée morale », « l’image et la réalité de la raison », comme le prétend Hegel. Il est bien plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer. Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elles et la société, en une lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de « l’ordre » ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger, c’est l’État » (cité par Lénine dans l’État et la Révolution).
Macky/APR/BBY, bénéficiaires en 2011/12 des luttes du peuples pour préserver les conquêtes démocratiques gagnées de haute luttes par le peuple sous la direction de la gauche communiste historique avant que ses leaders ne trahissent en s’intégrant dans le système néocolonial pour la « lutte des places », sont les fossoyeurs actuels du relatif « état de droit » qui avait permis deux alternances libérales.
Ayant proclamé « réduire l’opposition à sa plus simple expression », leur fin de règne est confrontée à la résistance active et passive du peuple, notamment de sa fraction la plus déterminée, la jeunesse patriotique à la quête d’un avenir meilleur au pays. Cette résistance met à l’épreuve à la fois la séparation des pouvoirs Exécutif, législatif, judiciaire ainsi que l’administration, le pouvoir médiatique et même les forces de l’ordre (police, gendarmerie, armée).
Elle interpelle aussi l’ensemble des classes sociales dominantes (bourgeoisie d’État et privée, féodalités maraboutiques, intelligentsia, secteurs de l’économie informelle, familiale, artisanat, etc) sans oublier les partis politiques, les mouvements syndicaux, associatifs, etc.
Tous les pans de la société sont confrontés par le choix cornélien : soumission à l’impérialisme ou souverainisme, néocolonialisme et patriotisme. Tel est l’enjeu majeur de la lutte actuelle pour le droit du peuple à choisir dans les urnes QUI va gouverner le Sénégal à partir de février et avril 2024 ?
Voilà l’équation posée et à résoudre qui met, en plus de l’effort constant du peuple et en particulier de la jeunesse patriotique pour la candidature de celui qui incarne son espérance pour une alternative patriotique, au-devant de la scène l’exigence que la JUSTICE enchâsse les pieds de l’INDÉPENDANCE que lui confère la Constitution et les lois du pays.
Le camp patriotique auréolé de la double victoire des batailles judiciaires de Ziguinchor et de Dakar doit maintenir le cap sur sa stratégie consistant à ne pas mettre tous les œufs dans le même panier en poursuivant la tactique des candidatures multiples jusqu’au dépôt sur la table du Conseil Constitutionnel. Une fois la seule institution ayant l’exclusivité de dire QUI est candidat aura parlé, alors et seulement alors s’ouvrira à partir du 20 janvier 2024, la nécessité de choisir le seul qui concourra en son nom en espérant que se soit O. Sonko.
Diagne Fodé Roland
Source : L’Aube