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Les militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait alliance pour combattre ensemble le jihadisme et opposer un front politique commun aux adversaires de leur entreprise proclamée de restauration de souveraineté, avec des perspectives.



Si leur faculté à gagner par eux-mêmes la guerre qui ensanglante le Sahel reste à démontrer, l’issue d’un récent sommet ouest-africain semble montrer que le bloc Bamako-Ouagadougou-Niamey tient le coup sous la pression diplomatique.
Ces trois pays ont vu accéder par la force à leur tête des officiers jurant de reprendre en main un destin national abandonné selon eux aux étrangers, au premier rang desquels les Français, et leurs « valets » locaux. Ils ont chassé les soldats et les ambassadeurs français, se sont tournés vers de nouveaux partenaires, dont les Russes, et remis en cause un ordre défendu par la Communauté des États ouest-africains (Cedeao).
Inquiète d’une contagion devant la succession des putschs, la Cedeao leur a imposé des sanctions pour obtenir le retour des civils aux commandes, et menacé de recourir à la force après le dernier en date, au Niger.

Les militaires ont serré les rangs et scellé leur solidarité le 16 septembre en créant l’Alliance des États du Sahel, dont la charte engage les trois pays à combattre « le terrorisme » et les lie par un « devoir d’assistance et de secours » face à toute agression. L’Alliance fait d’abord la promesse d’une coopération accrue entre les forces de ces trois pays, qui totalisent près de 100.000 hommes. Peut-elle vaincre là où d’autres partenariats ont échoué?
« On a souvent dit par le passé qu’il fallait que la volonté politique (de combattre le jihadisme) vienne des États les plus affectés. Avec l’AES, c’est indéniablement le cas aujourd’hui », dit Jean-Hervé Jézéquel, directeur du Projet Sahel de l’organisation de résolution des conflits Crisis Group. La question est cependant posée de la capacité d’États parmi les plus pauvres du monde à supporter le coût de la guerre.
Un immense espace
« On ne peut pas s’offrir le luxe d’une guerre de longue durée au Sahel », estime le politicien malien Babarou Bocoum. « Aucun de ces trois pays ne dispose de ports, de capacité de création de richesse suffisante », s’inquiète-t-il.
Le Niger a annoncé en octobre une réduction de 40% du budget national, après la suspension des soutiens budgétaires européens et américains dans un contexte de tensions diplomatiques. La Russie est proche de s’imposer comme l’alliée privilégiée des pays de l’Alliance, mais les analystes s’interrogent sur l’étendue du soutien qu’elle peut fournir.
L’Alliance est d’abord sécuritaire et escamote toute approche politique de l’insécurité. Le numéro un burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, décrivait dimanche le « terrorisme » comme une « manifestation violente de l’impérialisme ». Elle a vocation à être étendue au développement économique et les officiels envisagent de faire « de nos espaces un seul espace (où) aller et venir, commercer, défendre », disait le capitaine Traoré.
Certains voient d’un mauvais œil l’apparition de cette entité, avec des dirigeants installés par le fait accompli, mais bénéficiant d’un soutien populaire large parmi les quelques 70 millions d’habitants de cet immense espace.
« Rhétorique et pragmatisme »
Omar Alieu Touray, haut responsable de la Cedeao, relevait avec irritation dimanche que ces régimes « usent de rhétorique anti-coloniale et de propagande et présentent leurs agissements comme un mouvement de libération » pour « obtenir le soutien à leur projet d’aventuriers ».
Pour l’instant, leur cohésion paie. L’embargo infligé par la Cedeao se fait durement sentir au Niger. Mais le régime n’a quasiment rien cédé. « Le peuple nigérien, bénéficiant du soutien des pays frères et amis (…) est resté debout », a assuré le numéro un nigérien, le général Abdourahamane Tiani.
Amadou Bounty Diallo, analyste et ancien militaire nigérien, nuance le bellicisme sahélien: « Cette démarche (l’Alliance) n’est pas un renoncement à l’appartenance à la communauté internationale, elle a pour but d’affirmer la souveraineté ». « Ces trois pays sont partis du constat que tant qu’ils ne prennent pas en main la gestion de leurs ressources, il est quasiment impossible de sortir de la pauvreté », estime-t-il.
M. Jézéquel soulève les limites de l’exercice. Les économies de ces États sont « peu complémentaires, avec des atouts et des faiblesses semblables. Elles sont surtout complémentaires des économies des pays côtiers avec lesquelles les liens sont forts mais menacés par les brouilles ». La rhétorique souverainiste mobilise la population autour d’un projet, dit-il. Mais elle ne « répond pas aux besoins en services de base. Ces États-là vont se heurter à cette réalité à un moment ou l’autre ».
L’isolement est difficilement tenable sur la durée, dit le sociologue malien …Lire la suite sur VOA
Source : VOA

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