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Le Hamas avait reconstitué un kibboutz à Gaza et des combattants s’initiaient au parapente depuis des mois dans la minuscule bande de Gaza (365 km2) sans que les services israéliens ne s’en aperçoivent. Comment expliquer cet incroyable aveuglement ?


La presse internationale a repris les écrits du New York Times du 30 novembre révélant que depuis plus d’un an les Israéliens étaient au courant que le Hamas préparait une attaque de grande envergure susceptible de déclencher une guerre (1). Le quotidien américain s’appuie sur des documents confidentiels, et notamment sur un dossier d’une quarantaine de pages intitulé « Jericho Wall ». Ce dossier circulait dans les sphères du renseignement israélien depuis plus d’un an. Mais celles-ci n’auraient pas considéré que ce scénario était « réaliste ». Avant d’accabler les espions, il faut tout de même préciser que « Jericho Wall » ne comportait pas de date de cette opération meurtrière. Déjà, après les tueries du 7 octobre, les services égyptiens faisaient savoir qu’ils avaient prévenus Tel Aviv qu’une offensive se préparait dans la bande de Gaza. Seulement voilà, pratiquement chaque semaine, les Égyptiens prédisent des attaques de la part du Hamas.
Impossible pour l’armée de se tenir en permanence sur le pied de guerre. Actuellement en Europe, et notamment en France, de multiples signaux évoquent de très sérieuses craintes d’attentats. Mais que peut faire l’Etat ? En revanche, en Israël, ce qui est beaucoup plus grave, c’est la cécité totale des espions concernant Gaza. Or, pour sortir de cette bande de terre (de 41 kilomètres de longueur sur 6 à 12 de large), pour aller travailler ou pour se faire soigner, il faut chaque fois longuement négocier. Israël possède d’importants moyens de pression, sinon de chantage : « si tu veux que ton père bénéficie d’une médecin de pointe pour soigner son cancer, il faut nous informer sur ce que disent ou préparent tes voisins ». La misère est si grande (le taux de chômage était de 46 % au troisième trimestre 2023) que beaucoup de Gazaouis feraient n’importe quoi pour pouvoir s’employer dans un kibboutz.

Préférence à l’espionnage électronique
Peut-on imaginer que le Hamas, organisation dictatoriale, parvient à faire régner un tel climat de terreur que pas un seul individu sur 2 ,3 millions d’habitants n’ose collaborer avec les « Juifs » ? Il est vrai que les « indics », ou supposés tels, sont systématiquement éliminés. « Le Shin Bet a tout de même réussi à retourner Mosab Hassan Youssef, le fils de l’un des fondateurs du Hamas, le cheikh Hassan Youssef. Mosab a notamment permis aux israéliens d’arrêter Abdallah Barghouti, l’artificier du Hamas », rappelle un membre d’un service de renseignement occidental à Genève. Selon lui, la très grande faute de Tel Aviv proviendrait depuis des années de l’abandon presque systématique des sources humaines au profit de l’espionnage électronique. A l’image des services américains. Déjà, l’échec de l’intervention armée israélienne au Sud Liban en 2006 s’expliquerait – au moins en partie – par son incapacité à infiltrer les rangs du Hezbollah.
Comment expliquer que les Israéliens n’étaient même pas au courant de la construction d’un kibboutz par le Hamas, à un kilomètre à peine de la “frontière“, comme l’a révélé la BBC ? Les combattants s’entraînaient ainsi à attaquer les habitations, à se déplacer d’une maison à l’autre. L’organisation terroriste aurait par ailleurs convaincu certains de ses partisans de se faire recruter pour aller travailler dans les kibboutz voisins de la bande de Gaza, afin de récolter un maximum d’informations. Or, il faut montrer patte blanche avant d’être embauché en Israël. Le passé du candidat comme celui de son entourage sont scrutés à la louche. Ces employés, complices du Hamas, qui ont déserté des kibboutz juste avant le 7 octobre, savent que dorénavant, Israël ne leur accordera, ainsi qu’à leurs familles, plus aucun répit.
Un société très marquée à droite
Cette passion soudaine de la part de certains Gazaouis pour le parapente, sport fort peu pratiqué dans l’enclave, n’a pas non plus éveillé l’attention des services israéliens. « En fait, la classe politique, comme la société, est de plus en plus marquée à droite. Elle méprise tellement les Arabes qu’elle les juge incapable d’opérations d’envergure, comme de s’attaquer à des villes et à des bases militaires. Ou capable ingéniosité en utilisant des parapentes pour attaquer Israël », estime l’espion occidental, qui a été en poste au Liban. Nême si les services israéliens avaient pris au sérieux le document baptisé « Jericho Wall » auraient-ils réussi à convaincre Benyamin Netanyahou et son entourage ? Il ne faut jamais oublier que ce sont les politiques qui décident en dernier ressort, pas les espions. Hitler n’a jamais voulu croire que le débarquement aurait lieu en Normandie en 1944.

Source : Mondafrique

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