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Selon les statistiques 2021-2022 de la direction nationale des productions et des industries animales (DNPIA), le Mali compte plus de 13 700 000 têtes de bovins et Bamako consomme annuellement environ 19 millions de tonnes de viande de bœuf, fournies exclusivement par les régions du Nord et du Centre. La crise sécuritaire qui sévit dans cette partie du pays n’est pas sans conséquence sur ce secteur important de l’économie malienne.

Selon plusieurs acteurs de la chaine de l’élevage, à cause de la crise sécuritaire, le cheptel malien commence à quitter le Centre et le Nord qui sont devenus des épicentres d’insécurité pour le Sud du pays, voire pour d’autres pays tels que la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Ghana et le Sénégal. Beaucoup d’entre eux craignent cette transhumance.

« Si cette crise dure encore, dans cinq à dix ans, le Mali cessera d’être un pays d’élevage. Tous nos animaux vont partir. Tous ! », prédit Boubacar Bah, ancien député et président de la Fédération bétail viande du Mali (FBVM).« La crise a tué l’élevage. On ne peut plus regrouper le cheptel. Il n’y a pas de zones où amener le bétail », poursuit le président de la FBVM.

Et pour cause, selon Adama Camara, conseiller technique au ministère délégué à l’Elevage, les bassins de production de bétail se trouvent malheureusement aujourd’hui, être l’épicentre de la crise malienne. Il s’agit, dit-il, des régions de Mopti (centre), Gao, Tombouctou, Kidal et Taoudéni (Nord).

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  • elon Adama Camara, avec la crise, les éleveurs se sont déplacés avec les bétails vers le sud ou vers les pays voisins. « La crise a amené, une sorte de transhumance différente de celles saisonnières », dit-t-il.« Les mouvements de transhumance sont cycliques (…), mais l’insécurité a ajouté une touche particulière », explique le conseiller technique qui ajoute que « malgré cela, l’Etat malien n’a pas abandonné ses éleveurs ».Boubacar Bah, président de la BFVMAvec les pays de destination, dont la Côte d’Ivoire, la Guinée et la Mauritanie, le Mali a signé des accords pour y faciliter le déplacement de ses éleveurs.Pour le président de la BFVM, Boubacar Bah, l’insécurité a freiné l’élevage. A la crise, le président de la Fédération ajoute le manque de couloirs de passage des animaux. Selon le député, 30 à 35 % des bétails du Mali ont migré vers le sud du pays et vers la Côte d’Ivoire, où le kilo de viande coûte moins cher qu’à Bamako (2500 contre 3000 F CFA). Comme le député, le conseiller technique déplore qu’avec la crise, les éleveurs ne retournent plus et se fixent dans ces pays.Avec l’insécurité, de grandes difficultés de ravitaillement se posent, surtout pour Bamako, soulignent les acteurs. Au marché de bétails de Faladié à Bamako, Salia Traoré, président du « garbal » (marché de bétail), soutient que la plupart des animaux viennent de la région de Mopti, (centre), précisément de Koro, Douentza, Konna et Bankass, ainsi que de Nara et de Nioro, dans la région de Kayes (Ouest).Aujourd’hui, à cause des difficultés beaucoup, de convoyeurs ont cessé de ravitailler Bamako. « Autrefois (…) on pouvait recevoir cinq à dix camions par nuit ici, mais maintenant, c’est une fois par semaine. Ça a beaucoup diminué ».Avec l’insécurité, les routes sont devenues impraticables surtout pour les convoyeurs de bétail, victimes d’attaques au cours desquelles leurs bêtes sont souvent emportés par des hommes armés, selon toujours Salia Traoré.Dangers du convoyageLe processus de convoyage était simple et rôdé : ceux qui regroupent les animaux, et les dirigent à pied vers des zones de transport comme Konna, Koro, Douentza et d’autres localités manquent à la chaine maintenant. Selon Salia, les convoyeurs à pied font souvent face aux menaces des gens munis d’armes. Le président Boubacar Bah, précise même que certains bergers et convoyeurs sont tués et leurs animaux enlevés. « On ne peut plus convoyer à pied et avec les véhicules, c’est tout un autre problème », ajoute-t-il.H.Dicko, la trentaine, est un convoyeur de bétail à pied dans la région de Mopti. Il achète des bœufs un peu partout dans la région, souvent dans des zones sous contrôle jihadiste pour aller les revendre à Konna et Fatoma (Mopti), les grands marchés de bétail de la région. Selon Dicko, lui et ses collègues convoyeurs risquent leur vie chaque fois qu’ils empruntent les chemins. « J’ai perdu un ami qui a marché sur une mine avec son troupeau », déplore le jeune convoyeur.Salia Traoré, président du garbal deFaladiéLe président du marché de bétail de Faladié, indique qu’avant la crise sécuritaire, un bœuf de 100 000 F CFA à 150 000 F CFA pouvait suffire à un boucher pour ravitailler ses clients. « Mais, aujourd’hui, avec 150 000 F CFA, vous n’avez même pas un veau », regrette Salia Traoré.La DNPIA, dans l’Annuaire statistique sur le secteur du développement rural explique qu’un bœuf acheté à Mopti en 2018 à 120 000 F CFA est vendu en 2022 à plus de 260 000 F CFA.Mohamed Kamara dit Nanafa, boucher à l’hippodromePour le doyen des bouchers du marché de l’Hippodrome à Bamako, Mohamed Kamana dit Nanafa, tous les bouchers (grossistes et détaillants), sont endettés aujourd’hui. « Comment peut-on vendre le kilo de viande à 3000 F CFA à quelqu’un qui n’a même pas le prix de bons condiments ? », s’interroge Kamana. Il explique pourquoi ils sont obligés de « vendre à perte par tas de 300 à 500 F CFA ».Selon le président de la FBVM, Boubacar Bah, la solution passe d’abord par l’aménagement d’espaces par les communes frontalières du Mali, afin de ramener le cheptel au Mali. Il suggère en faire autant dans le Centre du pays où « le problème est purement économique ».K.C/fd/tsEn collaboration avec Ouestaf News

Source : Mali Tribune

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