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La récession s’installe en France, où le chômage monte. Alors que la France est la lanterne rouge de l’économie mondiale, elle a besoin d’urgence d’une «thérapie de choc bienveillante», avertit notre chroniqueur Marc Touati, président d’ACDEFI.

Qu’ils s’agissent des indices de l’Insee ou de ceux des directeurs d’achat, tous les indicateurs avancés de l’activité économique française de novembre sont formels : comme cela s’observe depuis l’été dernier, la récession est en train de s’installer et le chômage d’augmenter. Ainsi, en novembre, l’indice HCOB des directeurs d’achat (PMI) composite (c’est-à-dire tous secteurs d’activité) est reparti à la baisse en novembre, retombant à 44,5 (pour rappel : au-dessous de la barre des 50, l’activité est en repli), seulement 0,4 point de mieux que le niveau de septembre dernier, qui était un plancher depuis novembre 2020.

De quoi anticiper une forte dégringolade du PIB français tant au quatrième trimestre 2023 qu’au premier de début 2024. Mais il y a encore plus grave. Jusqu’à dernièrement, seuls les indices des directeurs d’achat étaient en zone de récession (ce qui faisait dire à certains que tout allait quand même bien dans le meilleur des mondes).

Gare à une chute du PIB de la France

Mais ils ont été rejoints depuis deux mois par les indices Insee du climat des affaires. Ainsi, après être déjà tombé à 98,2 en octobre, l’indice Insee du climat des affaires tous secteurs confondus a encore perdu 1 point en novembre, atteignant donc 97,2, un plancher depuis avril 2021. Comme le montre le graphique ci-dessous, cette décrue annonce que le glissement annuel du PIB français pourrait tomber autour des -3 % d’ici le début 2024.

Le taux de chômage en France risque de vite se hisser jusqu’à 8% et même au-delà

De plus, il faut souligner que l’indice Insee du climat de l’emploi a également fortement chuté en novembre (-2,1 points), tombant à 100,6, un plancher depuis avril 2021, qui, comme le montre le graphique ci-dessous, indique que le taux de chômage de catégorie A risque de très vite dépasser la barre des 8%. A l’évidence, l’état effectif de l’économie française est très éloigné des discours gouvernementaux et consensuels des derniers mois. Ce déni de réalité n’est malheureusement pas nouveau. En effet, persuadés que la France ne pourra jamais tomber de son piédestal, tous les gouvernants français depuis plus de 25 ans ont refusé de voir la réalité en face et de moderniser l’économie nationale.

L’économie française est devenue la lanterne rouge de la planète

Pour mieux faire avaler la pilule, la méthode Coué a été érigée en stratégie unique, espérant qu’à force d’annoncer que tout va bien, tout finira par aller bien. Ce déni de réalité a commencé en 1981.A l’époque, en pleine récession mondiale, les Mitterrand, Mauroy, Attali et consorts voulaient nous faire croire que tout irait mieux en augmentant massivement la dépense et la dette publiques. Quelle erreur stratégique ! Pire : en dépit du bon sens, tous les dirigeants suivants ont continué dans cette même voie catastrophique. Si bien que la dette publique est passée de 20 % du PIB en 1980 à 100 % de 2017 à 2019, 120 % en 2020 et certainement 115 % cette année.Dans le même temps, la France est devenue numéro un mondial en matière de poids des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques dans le PIB. La crise du coronavirus, le «quoi qu’il en coûte» et l’absence de vision stratégique de moyen terme n’ont évidemment pas arranger les choses. Encore plus grave, depuis juin 2023, l’économie française est la lanterne rouge de l’activité économique internationale.

La France a besoin d’urgence d’une «thérapie de choc bienveillante»

Pour autant, gardons l’espoir : rien n’est encore complètement perdu. Il est effectivement toujours possible de sauver la France si ses dirigeants sont à la hauteur de la situation et ont le courage de prendre enfin les mesures de bon sens qui s’imposent. Le «bon plan» consisterait ainsi à mettre en place une «thérapie de choc bienveillante» autour des sept piliers suivants :1. Baisser la pression fiscale pour tous, les entreprises et les ménages, de façon claire et massive, notamment en réduisant la CSG, ce qui améliorera le pouvoir d’achat de tous les Français, tout en supprimant les impôts des entreprises sur la production et en diminuant l’impôt sur les sociétés. Par la même occasion, cela créera un boom de confiance, qui pourra faire accepter plus facilement la baisse de la dépense publique, qui constitue notre deuxième mesure phare.2. Optimiser la dépense publique, en réduisant les dépenses de fonctionnement. Car attention, baisser les dépenses d’investissement et/ou de santé serait contre-productif. Il faut au contraire s’attaquer aux dépenses de fonctionnement (le fameux mille-feuilles administratif) qui ont augmenté de 23,4 milliards d’euros en 2022, d’environ 30 milliards d’euros en 2023 et de 100 milliards d’euros depuis 2015. Autrement dit, réduire le train de vie de l’Etat ne signifie pas rogner sur les missions de service public mais améliorer et optimiser ce dernier. La dépense publique deviendra alors plus féconde en création de richesses et en emplois.3. A côté de la réduction des impôts pour tous et de l’optimisation des dépenses publiques, il sera également indispensable de réduire le coût du travail, non pas évidemment en abaissant les salaires, mais en réduisant d’au moins 10% les charges qui pèsent sur ces derniers. Cela permettra alors d’augmenter les salaires nets et donc d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages. De quoi là aussi relancer la confiance des Français dans la politique économique nationale. Pour y parvenir, il sera possible de transférer une partie des charges qui pèsent sur les salaires vers la TVA, mais, attention, sans augmenter le taux de cette dernière. Car sinon cela viendrait grever le pouvoir d’achat et amoindrir la confiance.4. Pour parfaire ces trois évolutions indispensables, la France devra également moderniser son marché du travail. Cela passera notamment par les mesures suivantes : 1. Simplifier drastiquement le code du travail. 2. Réduire les contraintes à l’embauche et au licenciement. 3. Permettre à chaque salarié de choisir son type d’assurance chômage et les cotisations qui pèsent sur le salaire en conséquence. 4. Créer un contrat de travail unique.5. Innover massivement et développer les formations adéquates. Les révolutions des nouvelles technologies de l’énergie, de l’agro-alimentaire, du numérique et de l’intelligence artificielle ont déjà commencé, et la France est, une fois encore, très en retard dans tous ces domaines.6. Dans cette France modernisée, il faudra également favoriser le financement des entreprises et de l’innovation, notamment en assouplissant les règles prudentielles qui pèsent sur les banques et en facilitant la création de fonds d’investissement, qui, pourront par là même occasion financer une partie des retraites, ces dernières étant de plus en plus menacées, faute de réforme digne de ce nom.7. Pour parvenir à ce sauvetage, il sera également indispensable de développer la culture économique des Français, et notamment des jeunes, qui, dans de trop nombreux cas, sont, malheureusement, plus tentés par le retour du communisme que par la réussite personnelle et collective. Quelle tristesse !Ces mesures ne sont pas ultra-libérales, ni destructrices, mais simplement de bon sens économique. Et si les Français ne les acceptent pas, alors il faudra se résoudre à un taux de chômage supérieur à 8% pendant des décennies, un taux de chômage des moins de vingt-cinq ans qui dépassera durablement les 20% et condamnera trop de jeunes à la précarité et in fine à l’instabilité sociétale. Est-ce là l’héritage que notre génération veut laisser ? Surtout pas. Alors, s’il vous plaît, Mesdames et Messieurs les dirigeants du pays, cessez de faire comme vos prédécesseurs, en vous contentant de colmater les brèches et de faire du marketing. Ayez enfin le courage d’engager la France sur le chemin des réformes structurelles et de la modernité économique. L’espoir fait vivre…………lire l’article sur le Capital

Source : Le Capital

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